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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 20:00

LesTroisCoups.com fait son Salon !

La littérature dramatique, il faut bien se l’avouer, est la belle absente de la presse consacrée à l’art des mots. Que ce soit dans les suppléments des grands quotidiens nationaux, dans les rubriques livres des magazines ou encore dans les blogs consacrés au théâtre, force est de constater qu’il coule bien peu d’encre sur le genre dramatique ; comme s’il ne prenait sens que par la scène, ne méritant ainsi que peu de figurer au rang des œuvres littéraires et d’en partager le prestige. Cet état de fait ne pouvait que défriser les gourmands de mots que nous sommes. Dans un élan que certains qualifieront peut-être de réactionnaire, nous croyons que le théâtre est un monde dans lequel la chair des uns porte les mots des autres et que les mots écrits pour le théâtre, s’ils sont écrits pour être dits, n’en relèvent pas moins de cette folle magie de la littérature avec, de surcroît, cette beauté d’être au croisement de tous les genres. N’est-ce d’ailleurs pas cette aptitude à être systématiquement dans les interstices, libre et retorse, qui condamne la littérature dramatique à être marginalisée dans une époque où rien n’est plus commode qu’une étiquette ?

C’est pétris de ce constat que nous avons décidé de consacrer un espace particulier à la pièce de théâtre dans l’humilité de son habit de papier d’imprimerie. Parce que Lestroiscoups.com reste un espace de critique du spectacle vivant, nous avons opté pour une livraison mensuelle, qui paraîtra sur le site et dont les abonnés à la newsletter recevront un résumé avant édition. Tomber dans la chronique en série n’étant pas tout à fait un objectif satisfaisant, chaque livraison sera articulée autour d’un auteur ou d’une thématique, en fonction à la fois de nos plaisirs et déplaisirs et, de temps en temps, selon l’actualité éditoriale et culturelle. L’équipe des rédacteurs sera secondée par une équipe d’illustrateurs dont les œuvres illustreront chaque mois les livraisons, permettant d’établir un dialogue entre les mots et les images. Si, pour l’instant, nous commençons petit, avec trois à quatre papiers par mois, chacun consacré à une œuvre théâtrale, rien n’exclut que, par la suite, nous nous agrandissions jusqu’à satiété de notre curiosité et de la vôtre.

Pommerat : l’homme du moment

Du paysage dramatique français, la silhouette fine et brumeuse du théâtre de Pommerat se détache avec un fracas grandissant, la presse faisant aujourd’hui grand cas de ce travail de troupe que le milieu parisien n’affectionne pourtant que très peu. Ses créations, poétiquement modernes et souvent cruelles en ce qu’elles éclairent des expériences de l’être en terre des hommes, ont remporté un succès grandissant depuis Au monde, paru en 2004, tant du point de vue des spectateurs, qui lui sont d’une fidélité remarquable, que des critiques, séduits par son intelligence des mots et sa redoutable créativité de metteur en scène. L’année 2013 fut sans aucun doute un apogée : quatre prix prestigieux, deux spectacles et trois pièces éditées chez Actes Sud (la Réunification des deux Corées, la Grande et Fabuleuse Histoire du commerce et Au monde).

C’est sans doute sa pratique particulière – et, à notre connaissance, inédite dans le monde contemporain –, de l’écriture théâtrale, entièrement soumise au travail de plateau, qui nous a donné envie d’interroger ses trois pièces et particulièrement Au monde, dont la réédition est subordonnée au travail en cours avec Philippe Boesmens, à l’affiche en 2014. Quel est, en effet, la possibilité des pièces de Pommerat à être examinées par des lecteurs qui n’en possèdent aucune image de plateau ? Que ressent-on s’il ne reste que les mots de son travail aux images foisonnantes ?

Lise Facchin


De l’inquiétude d’être au monde, selon Pommerat

Dans un huis clos crépusculaire, une famille de grands bourgeois cherche son chemin dans l’obscurité. Dix ans après sa création, « Au monde », le premier succès public de Joël Pommerat n’a rien perdu de sa glaçante intensité.

Ouvrir les yeux sur une pénombre. Avec l’angoisse de ne pas distinguer s’il s’agit d’une aube nouvelle ou de la tombée d’une nuit sans retour. « Est-ce que nous sommes perdues ? Ou bien est-ce seulement parce que nous voyons encore mal notre direction ? », lâche à l’aveugle une voix funambule, au milieu de cette pièce lunaire où les questions s’évanouissent dans l’attente de réponses qui ne viendront pas. Chez Pommerat, l’incertain tient lieu d’équilibre précaire. Seule vaut une assertion, fragile : « Quelque chose ne va pas si bien on dirait ». Non, quelque chose ne va pas si bien dans la maison des puissants, puisque c’est cela dont il est question dans ce tableau sans fard d’une famille de la haute bourgeoisie sur les crêtes du vertige.

Dans l’intimité d’un grand appartement, un richissime patriarche s’enfonce peu à peu dans l’absence. Le temps est compté. Bientôt, il lui faudra passer les rênes de l’empire familial bâti sur le vieux monde de la métallurgie et de la vente d’armes. Qui de mieux pour reprendre pareil flambeau que l’enfant chéri, le fils aîné, Ori, de retour de l’armée ? Mais alors qu’il semblait promis à une brillante carrière, celui-ci décide de renoncer à sa vie passée et reste pétrifié, là, au seuil de quelque chose de nouveau qu’il ne parvient pas à nommer.

Autour d’eux, comme suspendues dans l’attente, trois sœurs, dont l’une est adoptée, un frère, le mari de la sœur aînée… Et une étrange étrangère, engagée par ce dernier, qui déploie une langue incompréhensible et dont la présence énigmatique et insolente renvoie chacun à ses doutes.

Inquiétante étrangeté

Créé en 2004, Au monde, aura été le premier succès public de Joël Pommerat. C’est le premier volet d’une trilogie (D’une seule main, les Marchands) dont on pourrait dire brièvement qu’elle imbrique les questions du travail, de la famille et du pouvoir. Autant de thèmes supposés qui sont avant tout une façon d’être au monde… Mais de quel monde parle-t‑on ? Qu’il soit question, comme dans les Marchands, de l’univers des ouvriers ou comme ici de celui des puissants, le trouble reste le même face à l’étrangeté du réel qui se dérobe.

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« Au monde » | © Samuel Landat

Ici, dans le vieux monde des affaires et du pouvoir, capitonné loin des bruits, et des drames du dehors, chacun cherchera en vain à nommer sa réalité. C’est la plus jeune sœur, adoptée par la famille pour combler le vide laissée par une autre enfant disparue, qui répète incrédule : « Je lui ressemble, je suis comme elle, mais je ne suis pas elle ». C’est la seconde fille, vedette de télévision, gonflée de discours philanthropiques, qui se retrouve prise d’effroi à l’heure de se pencher sur sa propre image à l’écran. C’est Ori, le fils sur qui tout repose et qui, à mesure que le père s’éclipse dans un sommeil sans fin, perd peu à peu l’usage de la vue. Papillon de nuit qui cherche sa vérité en se cognant à tous les recoins, sans parvenir à trouver son chemin dans l’obscurité. « Je prends conscience que je n’ai jamais été moi-même, c’est grave », lance-t-il comme pour s’excuser de ne pas être à la hauteur de l’attente.

Dans cet intérieur tapissé de recoins et de miroirs qui renvoient chacun à ses propres abîmes, seul un poste de télévision détourne, par instant, l’attention. Les uns regardent alors les autres fixer les images. Et quand un chien meurt à l’écran, une voie s’écrie : « Non ne t’inquiète pas, tout cela est pour de faux, c’est du théâtre, ils l’ont endormi, seulement endormi. ». L’heure n’est plus aux promesses faussement consolatrices. « L’inquiétude est entrée dans le corps du père qui attend son fils, comme elle s’est glissée, un jour, dans le corps des choses. C’était hier. C’est aujourd’hui. Ce sera plus encore demain », écrivait récemment Camille de Toledo *. Étrange écho.

Ici, tour à tour, chacun cherchera à formuler sa réalité, sa vérité. Fragments contradictoires de discours sur le réel qui se croisent plutôt qu’ils ne se confrontent. À mesure que les jours et les nuits défilent, une page se tourne dans l’histoire familiale. Qui peut croire que demain sera pareil ? Qui peut encore oser espérer qu’il sera différent ? Reste l’attente que chacun s’essaie à nommer. Et si derrière ce vertige il n’y avait rien ? Rien que le trouble… Un grand appartement fait de recoins, de silences, d’échos et de miroirs. En attendant d’y voir un peu plus clair, il fait nuit… 

Par Manuel Vicuña / Samuel Landat


L’Inquiétude d’être au monde, de Camille de Toledo, éditions Verdier, 2012.


Au monde, de Joël Pommerat

Actes Sud-Papiers, 2004, 2013, 72 pages, 12 €

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Pages du livre


Plutôt crever que commercer !

L’ironie qui se dégage du titre est à l’image du texte. On imagine Joël Pommerat, habité par cette même ironie, trouvant le nom grandiloquent de son prochain rejeton. Véritable ovni au sein de son travail, cette pièce, tissée dans une écriture plus démonstrative que d’habitude, témoigne d’une froide et désarmante réalité.

Depuis 2006, la compagnie Louis-Brouillard, au sein de laquelle Pommerat est auteur et metteur en scène, connaît un immense succès. Ses spectacles se distinguent par une sonorisation très soignée de ses comédiens et du plateau. La scénographie, efficace et sommaire, y est indissociable de la lumière. Il est souvent question de travail et toujours de l’humanité dans sa difficulté d’exister et d’être au monde. Mais pour l’heure, pas de salle de spectacle, pas de « noir » profond ni de voix. Rien qu’un livre de chez Actes Sud-Papiers, flanqué d’une publicité très old school pour des costumes d’hommes et de ce titre grinçant : la Grande et Fabuleuse Histoire du commerce.

D’un travail de recherche et d’entretiens avec des professionnels de la vente naît un texte didactique qui expose sans artifice les immondes techniques de vente actuellement pratiquées. C’est ainsi que je lis, médusée et peut-être un peu naïve : « On ne vend rien, on aide les gens, tu comprends ? ». De ce théâtre presque documentaire que l’auteur appelle « théâtre de reconstitution » naît une froideur dans laquelle je ne reconnais pas Joël Pommerat. Dans ses autres pièces, les phrases sont courtes et les nombreuses répétitions créent une petite musique lancinante. Celle qui siffle que l’espoir fait vivre. Au lieu de cela, la Grande et Fabuleuse Histoire du commerce est pleine d’élisions, de « euh… », de « ben ouais ». L’écriture est brute, le langage souvent grossier, et la repartie juste tend parfois vers le lieu commun.

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« la Grande et Fabuleuse Histoire du commerce »

© Vincent Croguennec

Le temps des « Martine » est révolu

Le texte est en deux parties découpées en chapitres et dont les titres font penser aux Martine que l’on lisait, enfant : « Formation de Franck », « Franck rompt la confiance », « Franck abandonné », « Franck surprend tout le monde » (ne pas s’y fier ou prendre pleinement conscience de l’angoisse que provoquait, inconsciemment, les leçons de vie et le cadre ultrastéréotypé de ladite Martine). La première se déroule dans les années 1960 et l’autre en l’an 2000. Les deux « parties-actes » nous entraînent au milieu des débriefings de fin de journée d’une équipe de vieux roublards, avides d’argent et de stratégies de manipulation du client. À l’instar de Franck, la vingtaine, débutant dans la vente et disciple de l’équipe, l’auteur, dans un entretien pour France Inter, avoue ne pas parvenir à accepter totalement le système de consommation dans lequel il vit ni même à s’y habituer. C’est la raison pour laquelle il voulait l’évoquer une nouvelle fois. Il explique : « Je veux montrer comment la logique de commerce génère du trouble et de la confusion dans nos esprits, désagrège notre relation à autrui et toute possibilité de confiance dans les autres. ». Mission accomplie. Sous couvert d’un esprit d’équipe essentiel, la loi du « chacun pour soi » est maîtresse, et lorsqu’un membre flanche – toujours pour des raisons personnelles –, il est le « maillon faible » et… il sort ! Terrassé, en larmes, abandonné sur le bas-côté et au chômage. Le jeune se débat et déverse son indignation : « Vous jouez avec ce qu’il y a de plus pur dans le rapport avec les gens, vous jouez avec les sentiments… […] Moi, j’ai envie de rester humain ! ». En vain.

La parole humaniste semble avoir peu de poids, et tout se met en place. Comme une machine bien huilée vers un chaos que l’on espère, et que l’on obtient. Comme une claque que l’on aurait vu venir de loin, car tout est clairement dit dès le début : « Si y’a pas de vendeurs, et de bons vendeurs, les gens arrêtent d’acheter, si les gens arrêtent d’acheter les usines ferment, si les usines ferment y’a plus de salaires, et y’a que du chômage et de la misère. ». Aucune échappatoire. Malgré les discussions opposant les humanistes aux faiseurs de fric, on sait qui aura le dernier mot. Seules les figures féminines pourraient, semble-t-il, arrêter ce processus de déshumanisation. Pourtant en nombre habituellement dans le théâtre de Pommerat, elles ne montent, ici, même pas à bord. C’est au téléphone qu’elles sont indirectement présentes. Elles sont les femmes de. En outre, elles ont souvent mis, ou mettent fin, à leur mariage. Là, les hommes pleurent comme des enfants et s’écroulent sans la moindre remise en question. Il faut comprendre que la vie est une tartine de merde. Parce que, oui, j’ai bien lu, à Franck qui se rebelle toujours dans le vide, un supérieur lui rétorque : « T’es un idéaliste de merde, t’es un mec dangereux. ». Soit.

Le commerce de l’écriture

Peut-être est-ce le fait que ce texte soit né d’une commande qui brouille l’écriture et la rend si désespérée. Le théâtre habituel de Joël Pommerat est un acte d’amour et de foi en la nature humaine. Dégager de la beauté et de l’espoir quoi qu’il en soit. Peut-être est-il atteint ici du sentiment de l’irrémédiable déclin de l’humanité contemporaine ? 

Par Loup de Croatie / Vincent Croguennec


La Grande et Fabuleuse Histoire du commerce, de Joël Pommerat

Actes Sud-Papiers, 2012, 63 pages, 13,50 €

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Pages du livre


De la question du temps présent…

Dans « la Réunification des deux Corées », Joël Pommerat explore l’impossible dialogue amoureux, l’éternel rendez-vous manqué des hommes et des femmes. Une œuvre magnifique qui soulève toutefois quelques interrogations.

Toute personne ayant eu une vie sentimentale ne serait-ce qu’un peu chaotique se retrouvera dans l’une ou l’autre des saynètes de cet ouvrage. En effet, « Vingt-cinq hommes » et « Vingt-sept femmes » (pour reprendre la dénomination des personnages par Pommerat) interprètent une succession de tableaux articulés autour d’une thématique commune : l’amour. Les personnages, souvent des couples, n’apparaissent qu’une fois avant de laisser la place à une nouvelle situation.

L’écriture de Joël Pommerat magnifie ces incompréhensions, ces dialogues de sourds, ces déceptions. Des situations anonymes, bouts de vie dont on ne sait rien mais dont on comprend tout, donnent à la pièce un caractère indéniablement universel. Le sentiment d’amour y est exploré dans un large spectre : celui, central, du couple, mais aussi celui de la nation, des enfants, de la famille… Impossible donc de n’être pas touché, d’une façon ou d’une autre, par l’un des thèmes abordés.

L’écriture est simple, directe, sans fioritures, convoquant des mots de tous les jours : ces échanges qui ont lieu sur scène, nous pourrions les avoir nous-mêmes. Le lecteur est ici face à un grand texte et une pièce magnifique, à la hauteur de la poésie insoupçonnée de son titre – la Réunification des deux Corées. Dans cette critique acerbe de l’individualisme et de la société de consommation, Pommerat touche juste et en décrit avec brio les conséquences sur les relations humaines.

Pourtant, malgré cet indéniable finesse d’analyse et la qualité de l’écriture, l’œuvre nous laisse partagés par ce qu’elle trahit de l’air du temps artistique : nombre d’artistes de talent, qu’il s’agisse d’auteurs, de cinéastes ou de plasticiens, se contentent de critiquer sans jamais apporter une note d’espoir, une alternative ou tout simplement un jugement moral. On souhaiterait, parfois, que l’on nous propose autre chose que le chemin du magasin de bricolage où acheter la corde pour se pendre, quand bien même on apprécierait la facture de la signalétique…

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« la Réunification des deux Corées » | © François Pham

De la postérité

Joël Pommerat est connu pour écrire ses textes à l’épreuve de la scène. Le cas d’Au monde est un exemple de cette particularité : la première publication avait suivi de peu la création du spectacle, et lorsque cela a été monté une seconde fois, le texte, révisé, a été publié à nouveau (1). Dans Théâtres en présence, il écrit : « Je pense aujourd’hui qu’on ne devient vraiment auteur de théâtre qu’en nouant très serré le travail de l’écriture du texte avec le travail de la mise en scène. […] On peut évidemment rendre distincts le travail du texte et celui de la mise en scène. Il est des circonstances où cela s’impose (la mort de l’auteur en est une assez valable), mais dire qu’il est naturel de les séparer me paraît faux » (2). Ainsi, la publication de la Réunification des deux Corées pose la question de sa signification. Relève-t-elle d’une étape dans le travail de l’auteur qui n’aurait de sens que dans la limite de sa propre mise en scène, ou bien relève-t-elle de la préoccupation de l’auteur de voir son théâtre lui survivre ? Car si la dramaturgie n’a pour lui de source que dans la mise en scène, il relève lui-même qu’il arrive un moment où les deux sont nécessairement dissociés.

Or le texte, du moins dans tout ce qui ne relève pas de la parole des acteurs, pose des problèmes pour le futur metteur en scène. Le personnage de « Celui ou Celle qui chante », par exemple, est parfaitement mystérieux. Comme il s’agit du seul personnage récurrent, on en déduit que Pommerat lui accorde une importance symbolique forte, qui n’est, hélas, jamais précisée. On en connaît juste les moments où il entre sur scène et, sans plus de précision, l’indication qu’il valse avec l’un des personnages. On ignore tout de celui-ci. Que doit en faire le futur metteur en scène ? Que chante-il d’ailleurs : l’air doit-il être gai ou triste, et est-ce toujours le même ? À partir du seul texte, il est impossible de le savoir.

De même, la surponctuation tient trop souvent lieu d’indication d’interprétation. Le texte en main, nous sommes un peu comme devant une bulle de bande dessinée dont on nous aurait retiré l’image. Ce type d’échanges : « La Femme : Dix dollars !! T’as pas de désir pour moi pour dix dollars ?? » « L’Homme : C’est pas ça !! » ne sont pas rares et finissent par être assez frustrants à la lecture… Si l’on comprend bien qu’il s’agit d’un moment intense dans le jeu des acteurs, on voudrait pouvoir en comprendre les subtilités.

Tel quel, le texte nous laisse l’impression de n’être que le fantôme du résultat sur un plateau. Pour autant, on le conseille à quiconque souhaite simplement lire un joli texte. On préférera néanmoins le voir incarné sur scène. 

Par Cécile Cres / François Pham


(1) Au monde suivi de Mon ami, Actes Sud-Papiers, Arles, 2004, et pour la publication du texte modifié : Au monde, Actes Sud-Papiers, coll. « Hors collection », Arles, 2013.

(2) Joël Pommerat, Théâtres en présence, Actes Sud-Papiers, coll. « Apprendre », Arles, 2007, p. 15.


La Réunification des deux Corées, de Joël Pommerat

Actes Sud-Papiers, Arles, 2013.

I.S.B.N. : 978-2-330-01947-1, 94 pages, 12 €

ASPTHEATRE RED-1

Pages du livre

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